Malgré un contexte encore très perturbé par la Covid en 2021-2022, les classes de terminale CAP EPC1 et AEPE ont pu bénéficier pour la deuxième année consécutive d’un CREAC (Convention de Résidence en Etablissement pour une Action Culturelle) en partenariat avec le Collectif 12 de Mantes-la-Jolie et la Compagnie Alaska avec qui un travail avait été mené autour de la pièce en écriture de la compagnie, « 78.2 : la force de l’ordre » : au fil d’une année scolaire rythmée par trois sessions d’immersion théâtrale, les élèves et leurs enseignants ont exploré l’univers de la dernière pièce du dramaturge Ludovic Pouzerate : « Ce qu’on a de meilleur ».
L’engagement dans une réflexion sur le dérèglement climatique par le détour de la scène et des textes
Eric Joly, responsable de développement culturel du Collectif 12 l’a précisé aux élèves et aux équipes en leur présentant le projet le mardi 12 octobre 2021 : « L’année scolaire 2021-2022 offre un prolongement à votre première expérience avec la Compagnie Alaska autour de la pièce de Bryan Polach « 78.2 : la force de l’ordre ». Vous pourrez apprécier ensemble ce qu’il en reste pour envisager comment le déployer en partant d’un nouveau texte : « Ce qu’on a de meilleur » de Ludovic Pouzerate ». « L’amélioration des conditions sanitaires permettant de mieux s’organiser, le programme pourra être plus complexe », avait-il précisé.
Les deux classes ont ainsi bénéficié :
- d’ateliers d’écriture avec l’auteur et dramaturge Ludovic POUZERATE,
- d’ateliers de lecture avec les metteurs en scène Bryan POLACH et Karine SAHLER,
- d’ateliers d’expression théâtrale avec le comédien Thomas BADINOT et Bryan POLACH.
Organisés en trois sessions de quatre journées consécutives, ces ateliers ont résolument placé cette année scolaire sous le signe de « Ce qu’on a de meilleur ».
En articulation étroite avec les référentiels d’enseignement, les artistes ont engagé chacune des deux classes dans une réflexion sur la transition écologique, « un laboratoire » selon l’expression de Ludovic Pouzerate qui a invité les élèves à poursuivre son texte, à l’actualiser pour construire ensemble une nouvelle pièce. Il leur a offert de mettre en œuvre avec eux sa propre pratique d’écriture: « Je ne commence pas par la réflexion, je pars de l’écriture pour découvrir ce que je pense. Je cherche une écriture qui vibre avec une langue très simple. Ensemble, nous chercherons les mots pour exprimer ce qui vous touche dans la crise climatique que nous vivons et nous ouvrirons ma pièce avec vos écrits ayant émergé en atelier pour composer un texte qui puisse tenir le coup sur scène et toucher tout le monde : un texte est un tissu, un maillage et c’est ce que je serais heureux de construire avec vous! »
Au fil des ateliers, les élèves ont ainsi rédigé des textes en appui sur des lectures variées et à partir de déclencheurs d’écriture proposés par Ludovic Pouzerate et Karine Sahler : tissés ensemble par l’auteur, ces textes ont pris vie dans les ateliers de pratique avec Bryan Polach et Thomas Badinot.
La dimension personnelle des productions écrites a permis aux élèves de s’impliquer dans une réflexion complexe à partir de leurs propres mots comme le leur avait annoncé Ludovic Pouzerate.
Avec des jeux d’improvisation et d’échauffement spécifiques à l’activité théâtrale, les élèves ont travaillé leur posture, appris à appréhender l’espace scénique, consolidé leur diction, nuancé leur jeu en prenant confiance en eux et en acceptant progressivement le regard des autres, structuré leurs appréciations critiques, pour progressivement construire une petite forme théâtrale qui donne voix à leurs interrogations sur l’avenir et les enjeux liés à la crise environnementale.
Ce travail au long cours a été restitué le 02 juin 2022 dans le cadre du «FESTIVAL DES PRATIQUES
D’AMATEURS» de Mantes-la-Jolie : les deux classes ont été accueillies toute la journée au Collectif 12 pour répéter sur scène avec Bryan Polach et Thomas Badinot dans la perspective d’une représentation publique en début de soirée. Ils ont également pu préparer les lieux d’accueil des leurs invités : buffet gourmand sur le thème du jardinage en extérieur et exposition dans la salle de réception des travaux de l’année ( les chefs-d’œuvre des TAEPE, « Mon objet pour une crèche idéale » et « Together, we can save the planet », une campagne de sensibilisation à la crise climatique en anglais et français des TEPC1).
Il était une fois une forêt millénaire, où vivait simplement, dans une ferme partagée, un groupe d’hommes et de femmes. Ce n’est pas le début d’un conte : ça se passe aujourd’hui, dans une forêt menacée d’être déchirée par une inutile autoroute.Ce qu’on a de meilleur, c’est l’histoire d’une résistance joyeuse. Sans romantisme ni idéalisation. C’est l’histoire d’une humanité qui résiste. Ce qu’on a de meilleur, c’est l’histoire d’une humanité qui s’invente et qui n’a pas baissé les bras .
Un bilan très positif malgré tout
En raison des mesures sanitaires restrictives une grande partie de l’année, les élèves n’ont pas pu aller aussi souvent que prévu au théâtre et il n’a pas été possible de réunir les deux classes pendant les sessions d’ateliers. Les deux classes ont toutefois eu le plaisir d’assister à une représentation de « 78.2, la force de l’ordre » et la journée de restitution a permis des retrouvailles exaltantes au Collectif 12 le 02 juin : dirigés par Bryan Polach et Thomas Badinot, les élèves ont présenté le tissage de leurs productions composé par Ludovic Pouzerate dans une mise en scène forte et sensible de Bryan Polach. Leur interprétation saisissante a vivement ému et interpellé leur public sur l’avenir de la planète et ce qu’on a de meilleur !
Les élèves ont donc été ravis de la reconduite du projet comme en témoignent le retour d’expérience des TEPC1 (à lire en PJ) et les bilans des TAEPE rédigés après chaque session.
A la question : « Qu’avez-vous le sentiment d’avoir appris ? », les réponses convergent :
« J’ai le sentiment d’avoir appris à trouver la force de parler en public, à prendre la parole malgré ma timidité, ( ou mes difficultés, le fait d’être dyslexique, selon les élèves) , à exprimer mes émotions devant des personnes connues ou inconnues, à regarder dans les yeux quand on parle à quelqu’un, à rester sérieux devant tout le monde, à travailler en groupe même si une des personnes n’est pas d’accord, à écouter les autres, à écrire des textes et à mieux m’exprimer ».
Certaines élèves précisent : « J’ai découvert que le métier que Ludovic a choisi est vraiment dur car il doit beaucoup réfléchir, ce qui n’est pas facile », ou encore : « Les cours de théâtre m’ont appris à faire des études de textes plus complexes et donc j’ai pu mieux les comprendre. »
Leur bilan est donc très positif : même si la lecture en arpentage d’une œuvre intégrale ardue les a amenées à puiser dans toutes leurs ressources d’attention et de concentration, toutes ont le sentiment d’avoir progressé et plusieurs élèves ont surmonté des difficultés marquées voire une aversion profonde pour la lecture :
« Les ateliers m’ont aidé à prendre notre temps pour lire, à bien lire en respectant la ponctuation et les pauses pour regarder le public », « J’ai bien aimé les cours de théâtre, Ludovic a été de bon conseil et de bons textes ont été faits », « Le sujet était intéressant, tout le monde a pu s’exprimer comme il le souhaitait, Ludovic était content et fier de nous ! ». Et toutes l’ont souligné dès la première session d’ateliers : « Les élèves qui n’osent pas trop parler ont réussi à prendre la parole devant la classe, on a toutes appris à regarder droit dans les yeux et cela nous a permis de nous entraîner pour les CCF ! »
Pour les professeurs, selon le recueil de Mme KASMI , professeure d’anglais et porteur du projet : « Ce fut une très belle expérience. En anglais, les élèves de TEPC1 ont réalisé des affiches de sensibilisation à l’environnement et ont créé un Kahoot proposé au public après la représentation. En français, les élèves de TAEPE ont lu et écrit des reportages sur l’engagement des lycéens en 2019, lu et écrit un texte de théâtre sur le thème des souvenirs d’école en appui sur la lecture de « Petit éloge des souvenirs » de Mohamed Aïssaoui ; en co-intervention, elles ont pu consolider leur expression orale en public et concevoir une activité pour la petite enfance liée au théâtre à proposer en PFMP ; en chef-d’œuvre, elles ont articulé « Ce qu’on a de meilleur » à la conception d’un objet pour une crèche idéale. Par ailleurs, le portage avec le professeur référent culture a été très fécond et pour cela aussi ce projet est très inspirant ! ».
Le parcours a été différent pour chacune des classes et il n’a pas été exempt de difficultés, liées à l’écriture pour certains, à la lecture pour d’autres, mais les élèves ont joué le jeu et leurs textes contiennent des accents de vérités parfois désarmants et de très belles trouvailles. Si l’engagement des deux classes pendant l’année a été lui aussi très différent, irrégulier pour les TEPC1, soutenu pour les TAEPE qui ont manifesté des qualités d’adaptation et de bienveillance remarquables, tous les élèves ont été exemplaires et ont livré le meilleur d’eux-mêmes le jour de la restitution !
Le CREAC en partenariat avec le Collectif 12 se poursuivra en 2022-2023 avec une nouvelle compagnie, de nouvelles classes et de nouvelles équipes pédagogiques. Une chance renouvelée pour les élèves de « passer par la scène et trouver son chemin » en s’engageant avec leurs enseignants et les artistes dans un projet d’éducation artistique et culturelle très stimulant.
Françoise-Anne Ménager Professeur référent culture.
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